La repression frappe dur à Rennes après un carnaval de soutien

Le 6 février, un Karnaval organisé à Rennes a été fortement réprimé par les flics.

Bilan judiciaire: les trois personnes interpellées samedi lors du carnaval et restées en garde-à-vue, jugées en comparution immédiate le lundi 8 février), ont été condamnées à 2, 2 et 7 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, c’est-à-dire envoyées directement à la prison de Vezin. Lire le compte-rendu publié sur le site de la Maison de la brève de Rennes (fichier PDF).

Ci-après nous reproduisons un texte publié le 11 février par le comité ZAD Rennes.

« A tous les groupes qui ont organisé cet événement, à tou.te.s celles et ceux qui y ont participé, à tou.te.s celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre

Nous souhaitons revenir sur la journée de samedi.

La construction et la préparation de cette journée étaient largement ouvertes, soulignons et réjouissons-nous ici de la multiplicité des groupes qui ont contribué à cette élaboration collective.
De même, réjouissons-nous d’avoir porté la lutte de la ZAD en ville de façon festive mais néanmoins déterminée, il s’agissait de signifier au gouvernement que plus il s’entêtera à poursuivre ses absurdes desseins, plus large sera la résistance, tout en insistant autant sur la dimension lutte anti-aéroport que sur ce que la ZAD représente pour nous en terme de perspectives émancipatrices.

Le banquet organisé en collaboration avec COPAIN 35 était en partie alimenté par des produits de la ZAD. Pour la suite nous avions prévu un défilé carnavalesque ponctué de jeux et d’actions symboliques scénographiées. À en juger par le nombre de participants (un bon millier au départ du carnaval), l’engouement dont ils ont fait preuve (par leurs déguisements, leur enthousiasme…) et les applaudissements lors du banquet, cette journée du samedi a été une réussite.

Ce n’était certes pas gagné d’avance. La présence de deux cordons de gardes mobiles suréquipés à 20 mètres à peine des tables où nous mangions avait installé d’emblée un climat très hostile. À l’heure de l’état d’urgence, le dispositif interdisant l’accès à l’hyper-centre et la posture menaçante des policiers dénotaient une tentative de plus de museler toute expression politique. Félicitons nous d’avoir tenu ce RDV.
Nous ne sommes pas dupes. Quelle que soit la façon dont se serait déroulé le carnaval, les dites « forces de l’ordre » semblaient bien avoir pour objectif en tous les cas de l’amener à la fin que nous lui connaissons.
Comme ce fut relayé par France-Info dans l’heure qui a suivi, la police ayant été atteinte par des œufs de peinture, elle répliqua aussitôt par des tirs massifs de gaz visant sans distinction les manifestants et les passants. Nous tenons à rajouter à ces observations la férocité de l’intervention policière dont les uns ont été la cible, les autres les témoins : bastonnades de personnes isolées et plaquées au sol ; tirs de flash-ball en rafales ; charges ultra-violentes sur des manifestants en fuite, parmi lesquels on note la présence d’enfants ; chants guerriers lors de ces charges… L’objectif semblait être de répandre une peur à même de faire passer à quiconque l’envie de se rendre à une manifestation. C’est le même effet qui fut sans aucun doute recherché avec l’interpellation, la comparution immédiate et l’incarcération de 3 participants à cette journée (allant jusqu’à 7 mois ferme et ce non pas pour dégradation mais pour de prétendues violences, outrage à agent et rébellion!)
« 80 tirs de gaz lacrymogène, 30 tirs de balles en caoutchouc, aucun blessé du côté des manifestants…» cette déclaration du préfet nous aurait bien fait rire si nous n’avions pas eu connaissance de nombreuses blessures sur les corps des camarades et des passants (contusions multiples et un crâne ouvert).

Face à tout ce qui nous sépare, nous esseule, entrave nos élans de vie et de partage, notamment face à cette répression de toute voix dissidente, nous partageons la colère qui fait que, parfois, la vitrine de ce monde vole en éclat. Il nous paraît cependant qu’un tel seuil d’intensité n’était pas approprié dans la situation actuelle de la lutte telle que nous la connaissons, en particulier à l’échelle locale.

Il est primordial de reprendre le processus d’élaboration collective que nous tentons de mettre en place et de le pousser le plus loin possible. Partageons nos lectures de la situation, donnons-nous des perspectives.
Cette lutte, nous allons la poursuivre, nous allons la porter, encore, à Rennes et ailleurs. Nous continuerons d’en inventer les formes, et nous la gagnerons !

Image de Une : reprise à partir d’un autre récit paru sur Lundi Matin