Textes

Sur la ZAD : « On ne peut pas vendre notre âme pour faire plaisir au gouvernement »

(Mediapart, 10 mai 2018, par Jade Lindgaard)

À quelques jours d’un comité de pilotage décisif pour l’avenir de la ZAD, ses habitant·e·s vivent un impitoyable dilemme : accepter de composer avec les règles de l’État ou se confronter à la puissance publique. Reportage.

De notre envoyée spéciale sur la ZAD.- C’est l’histoire d’une métaphore balancée par un habitant de la ZAD. Elle part d’une parabole universelle : le mythe d’Œdipe. Tu fais tout pour t’éloigner de la réalisation de l’atroce oracle qui te prédit que tu tueras ton père et coucheras avec ta mère. Mais le destin est le plus fort, et l’horreur se produit.

Quel rapport avec Notre-Dame-des-Landes ? Tu es anarchiste, tu choisis la liberté et l’autogestion, et tu te retrouves dans le cauchemar de la bureaucratie : la parcelle BZ47, tu la déclares en UTH ou en UTA ? Avec ou sans DJA ? Les superficies, on les déclare en hectare ou au mètre carré ? Tu deviens fou.

(suite…)

ZAD partout, par toutes et par tous (texte du collectif Paris IDF)

Texte diffusé lors de la manifestation unitaire du 19 avril à Paris. — L’État à décidé depuis le lundi 9 avril d’éradiquer la Zone à Défendre de Notre Dame des Landes. Pour maintenir son ordre et son monde il s’attaque à toutes formes de luttes qui défendent les intérêts collectifs.

Comme les quartiers populaires et précarisés, comme dans les « jungles » de migrants, la ZAD est devenue le laboratoire d’expérimentation de ces violences. Cette opération militaire rend visible le vrai visage de l’état : Depuis le début des opérations, ​ 2 500 militaires déployés sur la zone, 11 000 grenades tirées, soit 1400 par jour, environ un tir par minute. On compte déjà plus de 160 civilEs blesséEs.

Par cette violence l’état s’attaque à toutes les alternatives. Alors qu’il coupe les budgets de tous les services publics et sociaux, il est prêt à dépenser des millions d’euros dans cette opération.

La Zone à Défendre de Notre Dame des Landes n’est pas que le résultat de la lutte contre un grand projet inutile et imposé. Cette Zone c’est aussi : un dessein alternatif​ , un lieu de ​ co-construction​ , un ​ espace ouvert​ , des systèmes d’autogouvernement​ , sans lien de subordination, sans rapport de domination, sans marchandisation de nos vies… Un lieu d’accueil ​ solidaire et gratuit.

CheminotEs, EtudiantEs, ChomeurEs, PrécairEs, PostierEs, AgriculteurEs, HospitalierEs, FonctionnairEs, UniversitairEs, RetraitéEs… C’est pour une autre vision du monde que nous nous battons.

TouTEs ensemble, prenons la rue pour que fleurissent les communEs.

Téléchargez ce texte sur une page

L’arsenal utilisé à Nantes et sur la zad de NDDL

Nantes, 14 avril – grenades lacrymo de 40 mm avec un lance-grenades “Penn Arms”

Desarmons.net – 17 avril — Au cours des opérations militaires à Notre Dame des Landes depuis le 9 avril 2018 et de l’opération de maintien de l’ordre lors de la manifestation de soutien à la ZAD à Nantes le 14 avril, les forces de police et de gendarmerie ont fait usage d’autres munitions que d’habitude. Pas de grandes nouveautés au delà des habituelles grenades lacrymogènes, mais d’anciens modèles remis au goût du jour ou adaptées aux nouveaux lanceurs.

Quelles sont-elles ? A Nantes le 14 avril, les CRS et Compagnies d’intervention ont eu recours aux grenades lacrymogènes de 40 mm. Nous étions jusqu’alors habitué-es aux grenades lacrymogènes de 56 mm, tirées à l’aide de gros lance-grenades Cougar et Chouka. Désormais, les flics utilisent également les lanceurs de balles de 40mm (LBD, produits et vendus à la France par l’entreprise suisse Brüger & Thomet) et les nouveaux lanceurs de balles multicoups “Penn arms” (produits et vendus à la France par l’entreprise américaine Combined Systems).

Les grenades ainsi utilisées, de plus petit calibre, sont les CM3 contenant 3 palets de poudre de gaz CS à 15%. Comme celles de 56 mm, elles peuvent être tirées de 50 à 200 mètres à l’aide de dispositifs de propulsion (DPR) de couleur verte, grise sombre ou blanche.

Lire la suite sur Desarmons.net

Des dizaines d’organisations appellent à une vrai sortie de crise sur la zad

ZAD de NDDL : appel pour une vraie sortie de crise !

bacharalazad(18 avril 2018). — Avant la reprise du dialogue avec la préfète de Loire-Atlantique, des organisations nationales, associations et collectifs appellent fermement le gouvernement à permettre une sortie de crise à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. La tentative d’expulsion des habitant-es de la ZAD engagée la semaine dernière par le gouvernement s’est soldée par un échec cuisant et prévisible. La méthode forte employée, brutale et guerrière a blessé de nombreuses personnes, semé la révolte et relancé un conflit stérile. Nous répétons que la poursuite des expulsions serait dramatique et ferait risquer un nouveau Sivens.

L’afflux de soutien en un temps record sur ce territoire est le révélateur du profond attachement inter-générationnel à ce lieu devenu un symbole d’expérimentation et d’espoir, bien loin des caricatures grossières et hâtives que veulent en donner certains politiques et ministres.   (suite…)

Objectif atteint pour reconstruire le Gourbi

Objectif atteint – une grande charpente portée par 300 personnes jusqu’au gourbi durant la nuit

(lundi 16 avril 2018) — Dans un mouvement collectif absolument pharaonique, une construction de 2 tonnes et de 10 mètres sur 5 a été portée par 300 personnes jusqu’au gourbi entre 22h et minuit tout juste. L’objectif de reconstruction sur un des lieux attaqués la semaine dernière a finalement été totalement atteint à la dernière minute. Un groupe surdéterminé a su faire passer l’édifice en bois massif à travers les haies puis tout le long de la route des fosses noires, la présence policière s’étant subitement estompée à la nuit tombée. Cheval de troie zadiste, on voyait avancer ce soir dans le noir une charpente éclairée par des dizaines de lampes frontales.

La suite sur zad.nadir avec photos et vidéo

Après 3 jours d’expulsion, seront-ils prêt à tuer parce qu’ils ne veulent pas de collectif ?

Communiqué du mercredi 11 avril – zad.nadir.org – Lire aussi : Communiqué de l’assemblée de mercredi à la Wardine après 3 jours d’expulsions

(photo reporterre.net – lire leur fil info)

Mercredi 11 avril, 6 lieux de vie et habitats supplémentaires de la zad ont été détruits : Sécherie, Acatrelle, Isolette, Boîte noire, Entre deux, Gaieté… Ils continuent d’essayer d’éradiquer nos vies, notre histoire.

Des centaines de soutiens étaient présents pour un pique-nique de protestation ce midi. A 14h un déferlement de gaz lacrymogènes et de grenades, perçant les chairs, s’est abattu sur une foule festive et multigénérationnelle qui dansait avec une batucada sur un champs à côté des Fosses Noires.

Cette attaque ainsi que celles extrêmement brutales qui ont suivi immédiatement autour de la maison de la Grée et au carrefour de la Saulce ont provoqué de très nombreuses blessures. L’équipe médic fait état de plus de 80 blessés Le bilan de 17h45 (non exhaustif et sous-évalué du fait des difficultés de circulation sur la zone empêchant d’atteindre tous les blessés) fait état de 15 blessures au Flashball, dont une grave au visage ; 16 blessures suite à des tirs tendus de grenades lacrymogènes à la tête. Il y a aussi eu 22 blessures liées à des explosions de grenades : une quinzaine liées à des éclats, y compris à la gorge, et avec des séquelles suspectées au niveau des tendons et des nerfs. Par ailleurs, des troubles auditifs liées aux explosions de grenade F4 tirées à l’aveugle sur les gent.te.s ont été constatées, ainsi que plus de 12 blessures diverses à la tête, certaines touchant l’oeil. Une personne gravement blessée a dû être évacuée par des aides-soignant.e.s dont le véhicule a été bloqué pendant plus de 30 minutes, avant d’avoir accès au SAMU, sans que les soignant.e.s soient autorisé.e.s à revenir vers le QG medic. Trois journalistes ont été blessés après avoir été délibérement visés. La préfecture a aussi fait le choix de couper l’électricité dans les maisons en dur encore laissées debout, autour des habitats attaqués. Une femme enceinte et deux enfants en bas âge sont ce soir privés d’électricité.

Une question est ce soir sur toute les lèvres, dans les lieux encore debouts dans le bocage, dans les foyers des centaines de milliers de personnes dans ce pays pour qui la zad représente toujours un espoir : jusqu’où le gouvernement Macron ira-t-il ? Cet après-midi dans la foule prise en étau entre des rangs de policiers, il était clair pour tous que l’Etat serait désormais prêt à tuer pour finir son opération. Ces chairs blessées, ces morts possibles dans l’acharnement policier sont désormais le prix que l’Etat macronien est prêt à payer pour ne laisser aucune place à un espace d’expérimentation collective, pour enrayer la solidarité.

Nous continuons à exiger la fin des expulsions et des violences policières. Nous n’avons d’autres choix que de continuer à défendre nos vies ici et nos maisons sur le terrain. Il est incompréhensible de prétendre vouloir, comme l’a fait aujourd’hui encore la préfète Nicole Klein, un retour au dialogue tout en menant une telle opération d’éradication. La zad est meurtrie mais la zad est encore debout.

Nous appelons toutes celles et ceux qui le peuvent à nous rejoindre dès demain et en masse dimanche

Nous rappelons le rendez vous de demain à 9h devant le Tribunal de Nantes où la préfète devra s’expliquer devant la justice quant aux expulsions illégales, notamment celle des 100 Noms.

Nous rappelons les rendez vous de samedi 14, pour la manifestation à Nantes contre les expulsions de la zad (rendez-vous 16h30 place du cirque) et dimanche 15 pour une grande convergence sur la zad pour répondre sur le terrain à l’opération d’expulsion.

Les cabanes de la zad tombent et la colère gronde

la cabane collective des 100 noms, détruite le 9 avril 2018

100nomsaterreLes cabanes de la zad

lundi 9 avril 2018

Pour ne pas oublier, parce qu’on ne veut pas laisser faire, tandis que l’opération militaire déclenchée contre nos lieux à partir du 9 avril continue, nous vous proposons un petit voyage à travers les cabanes de la zad…

La Chèvrerie, cabane détruite le 10 avril 2018 …

LA SUITE

Communiqué des opposant-e-s à CIGEO : Après l’abandon de l’aéroport de NDDL, défendons la ZAD, renforçons la lutte à Bure et partout ailleurs !

C’est officiel : le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Il y a peu de mots pour décrire le mélange d’émotion qui nous assaille, un sentiment profond de joie, de dignité, de justesse et de force. Aujourd’hui, pour de très nombreuses personnes en France et au-delà, est un jour historique : un de ceux, encore trop rares, où une force collective entêtée fait plier les puissants.

Ce n’est pas si souvent dans une vie que l’on peut ressentir de telles joies, une telle force. Cela faisait depuis 2006 et le CPE qu’un large mouvement populaire et déterminé n’avait plus remporté une victoire. Aujourd’hui ce n’est pas seulement un projet d’aéroport (parmi des centaines d’autres en construction dans le monde) qui est abandonné, c’est un sentiment de victoire possible qui renaît et nous inspire pour toutes les luttes que l’on mène partout, pour tous les mondes que nous essayons de bâtir.

(suite…)

Texte commun « Nous nous engageons pour l’avenir de la ZAD »

ZAD-Affiche-2018Alors qu’après 50 ans de lutte, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes pourrait enfin être abandonné, on ne cesse d’entendre que, quelle que soit la décision du gouvernement, la zad sera expulsée. Aujourd’hui un certain nombre d’organisations, syndicats et ONG’s au niveau national s’engagent fermement sur une autre vision de ce que pourrait être l’avenir d’un bocage préservé à Notre-Dame-Des-Landes et de ses habitant.e.s actuel.le.s. Dans un texte commun, ces structures plaident pour que l’État « ne s’enferme pas dans une logique répressive » en cas d’abandon du projet d’aéroport et pour que la zad « reste une terre d’inspiration et d’espoir, nourrie par l’idée des biens communs, les solidarités et le soin du vivant ».

Au nombre des premiers signataires de ce texte au nivau national, on trouve 350.org, Agir pour l’Environnement, Agter, Amis de la Terre, Alofa Tuvalu, Alternatiba, ANV-COP21, Attac, Confédération Paysanne, Les Désobéissants, Droit Au Logement, EELV, Ensemble !, Greenpeace, Parti de Gauche, Union Syndicale Solidaires, réseau CIVAM, Fédérations SUD-rail, SUD-PTT, SUD-BPCE, Collectif national des syndicats CGT de VINCI…

Nous nous engageons pour l’avenir de la ZAD

Communiqué commun national d’associations, syndicats et organisations

Depuis presque cinquante ans, des paysan.ne.s et habitant.e.s de la région nantaise résistent contre un projet d’aéroport qui viendrait détruire 1.650 ha de terres agricoles et de zones humides. Le gouvernement a annoncé qu’il trancherait en ce mois de janvier sur ce dossier brûlant devenu emblématique d’enjeux de fond et de choix de société. Au niveau national, nos organisations, associations et syndicats se sont engagés au fil du temps dans un mouvement large et populaire contre ce projet. (suite…)

La Gueule Ouverte / Entretiens sur l’avenir de la zad

Le rapport de médiation sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes a été rendu au premier ministre le 13 décembre 2017. Nous avons déjà publié un premier commentaire à chaud quant à cet événement important. Nous avons surtout publié le lien sur le rapport lui-même, permettant à chacun.e d’en prendre connaissance par soi-même.
En ce début d’année, nous commençons, aujourd’hui, une série d’entretiens de personnes impliquées depuis longtemps dans la lutte contre le projet d’aéroport et contre son monde. N’ayant pu rencontrer la délégation de la ZAD venue à Paris à cette occasion, nous avons décidé d’interroger plusieurs personnes individuellement, en respectant la diversité des points de vues exprimés et vécus sur la zad, relativement à la variété des situations, des expériences et des cultures. C’est donc un chant, autant qu’un champ polyphonique de la zad que nous proposons. Nous espérons avoir le temps de faire un large tour d’horizon des cas de figure en présence d’ici à la décision politique qui sera prise par le gouvernement dans le courant de ce mois de janvier, tel que cela a été annoncé.
Nous savons, d’ores et déjà, que la décision sur l’aéroport est vraiment en question, voire déjà jugée (vers l’abandon) mais nous savons aussi, avec insistance, tant cela a été répété, que « quelle que soit le décision, la Zad sera évacuée ». C’est donc ce qu’il reste à voir, sur le terrain et partout ailleurs, dans l’opinion publique. Qui veut vraiment que la zad soit évacuée ? La question est si importante, étant donné ce qui s’y passe depuis des années, avec la construction d’un monde différent, que nous inaugurons avec ce texte, une série mettant en oeuvre tout ce qui pourrait définir un autre rapport à l’Etat, à la propriété, à l’exercice de ladite démocratie. La question est aujourd’hui de se représenter, dans des termes concrets et imaginaires à la fois, ce que nous risquons de perdre dans les semaines qui viennent. Ainsi, chacun.e saura quelle responsabilité lui incombe quant à cette menace de disparition. Un aspect primordial de la biodiversité de l’écologie sociale. Dans cette attente, bonne lecture.
Quoiqu’il en soit, n’oublions pas le rendez-vous, historique, fixé par les opposants au projet d’aéroport, le 10 février prochain sur la zad, le jour de la fin de la validité (10 ans) de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). Nous reviendrons prochainement sur la question.

ITV Geneviève Coiffard – l’avenir de la zad NDDL. Geneviève Coiffard est la responsable de la dimension GPII (Grands Projets Inutiles et Imposés) au sein de la Coordination du mouvement. Cet entretien a été réalisé le 12 décembre 2017 au soir.

LIRE LA SUITE