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Communiqué des opposant-e-s à CIGEO : Après l’abandon de l’aéroport de NDDL, défendons la ZAD, renforçons la lutte à Bure et partout ailleurs !

C’est officiel : le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Il y a peu de mots pour décrire le mélange d’émotion qui nous assaille, un sentiment profond de joie, de dignité, de justesse et de force. Aujourd’hui, pour de très nombreuses personnes en France et au-delà, est un jour historique : un de ceux, encore trop rares, où une force collective entêtée fait plier les puissants.

Ce n’est pas si souvent dans une vie que l’on peut ressentir de telles joies, une telle force. Cela faisait depuis 2006 et le CPE qu’un large mouvement populaire et déterminé n’avait plus remporté une victoire. Aujourd’hui ce n’est pas seulement un projet d’aéroport (parmi des centaines d’autres en construction dans le monde) qui est abandonné, c’est un sentiment de victoire possible qui renaît et nous inspire pour toutes les luttes que l’on mène partout, pour tous les mondes que nous essayons de bâtir.

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La Gueule Ouverte / Entretiens sur l’avenir de la zad

Le rapport de médiation sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes a été rendu au premier ministre le 13 décembre 2017. Nous avons déjà publié un premier commentaire à chaud quant à cet événement important. Nous avons surtout publié le lien sur le rapport lui-même, permettant à chacun.e d’en prendre connaissance par soi-même.
En ce début d’année, nous commençons, aujourd’hui, une série d’entretiens de personnes impliquées depuis longtemps dans la lutte contre le projet d’aéroport et contre son monde. N’ayant pu rencontrer la délégation de la ZAD venue à Paris à cette occasion, nous avons décidé d’interroger plusieurs personnes individuellement, en respectant la diversité des points de vues exprimés et vécus sur la zad, relativement à la variété des situations, des expériences et des cultures. C’est donc un chant, autant qu’un champ polyphonique de la zad que nous proposons. Nous espérons avoir le temps de faire un large tour d’horizon des cas de figure en présence d’ici à la décision politique qui sera prise par le gouvernement dans le courant de ce mois de janvier, tel que cela a été annoncé.
Nous savons, d’ores et déjà, que la décision sur l’aéroport est vraiment en question, voire déjà jugée (vers l’abandon) mais nous savons aussi, avec insistance, tant cela a été répété, que « quelle que soit le décision, la Zad sera évacuée ». C’est donc ce qu’il reste à voir, sur le terrain et partout ailleurs, dans l’opinion publique. Qui veut vraiment que la zad soit évacuée ? La question est si importante, étant donné ce qui s’y passe depuis des années, avec la construction d’un monde différent, que nous inaugurons avec ce texte, une série mettant en oeuvre tout ce qui pourrait définir un autre rapport à l’Etat, à la propriété, à l’exercice de ladite démocratie. La question est aujourd’hui de se représenter, dans des termes concrets et imaginaires à la fois, ce que nous risquons de perdre dans les semaines qui viennent. Ainsi, chacun.e saura quelle responsabilité lui incombe quant à cette menace de disparition. Un aspect primordial de la biodiversité de l’écologie sociale. Dans cette attente, bonne lecture.
Quoiqu’il en soit, n’oublions pas le rendez-vous, historique, fixé par les opposants au projet d’aéroport, le 10 février prochain sur la zad, le jour de la fin de la validité (10 ans) de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). Nous reviendrons prochainement sur la question.

ITV Geneviève Coiffard – l’avenir de la zad NDDL. Geneviève Coiffard est la responsable de la dimension GPII (Grands Projets Inutiles et Imposés) au sein de la Coordination du mouvement. Cet entretien a été réalisé le 12 décembre 2017 au soir.

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« Pour que la ZAD demeure un grenier de luttes » (Jef Klak)

Suite à tous les articles et les déclaration politiques anticipant une expulsion de la ZAD de Notre dame des landes, un article de Jef Klak revient sur l’expérimentation sociale qu’est ce « territoire libéré ».

 

« Zone en état de siège permanent », « caches d’armes à feu » voire « risque de morts ». Depuis la remise au gouvernement du rapport sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes le 13 décembre dernier, la même rengaine d’une ZAD aux mains de « professionnels de la contestation » qui piétine l’ordre républicain revient sur le devant de la scène médiatique. À l’heure qu’il est, tout reste encore possible : abandon du projet par le gouvernement, expulsion des occupant·es, ultime report d’une décision presque impossible. Entretien long format avec des occupant·es de la ZAD sur les derniers mois du mouvement et les perspectives de lutte, aussi réjouissantes que périlleuses.

2016 a été une longue séquence de menaces et d’offensives de la part du gouvernement Hollande pour se donner la possibilité d’intervenir sur la ZAD – c’est-à-dire expulser les occupant·es et démarrer les travaux.

En décembre 2015, durant la COP 21, nous avons organisé un convoi de trois cents personnes en vélos et tracteurs avec des paysan·nes, des militant·es associatif·ves, des habitant·es de la ZAD, des gens de la Coordination des opposants au projet d’aéroport et des comités locaux de soutien. Malgré les interdictions de circuler et l’état d’urgence qui venait d’être promulgué, l’objectif était de se rendre à Paris pour dénoncer l’opération de marketing écologique du gouvernement, qui poursuit ses projets éminemment climaticides. Comment pouvait-il s’engager en faveur de l’environnement alors que les travaux pour le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes étaient annoncés, promettant de détruire zones humides et terres agricoles ?

 

Suite à cette mobilisation, le 31 décembre, Vinci décide de mettre en procédure d’expulsion les habitant·es dits « historiques » de la ZAD. La multinationale touche alors un symbole fort, car on parle des paysan·nes qui sont resté·es sur la zone malgré ses propositions de reprendre leurs terres.

Depuis 2012 et l’échec de l’opération César 2, l’État n’arrive pas à expulser la ZAD, car il s’est formé un front commun et solidaire anti-aéroport qui va des occupant·es, qui ont des pratiques d’action directe voire illégales, jusqu’aux militant·es associatif·ves, qui mobilisent les recours juridiques pour tenter de contrer légalement le projet. La stratégie du pouvoir est alors de créer des brèches dans cette unité via un biais vicieux : l’argent. Comme le gouvernement sait que les « historiques » ne partiront pas d’elleux-mêmes, il demande à la justice d’ajouter des astreintes financières aux procédures d’expulsion. Tou·tes ces habitant·es expulsables qui ont là leurs vaches, leur maison, leurs emprunts, se sont ainsi retrouvé·es sommé·es de payer chaque jour des amendes phénoménales.
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Sortie du livre-appel, « Défendre la zad »

def-la-zad-couvLa Mauvaise troupe est un collectif à variables multiples qui s’est constitué à l’occasion de la rédaction du volume Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune XXIe siècle, paru à l’éclat en 2014. Le collectif publiera au printemps 2016 un ouvrage sur les histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No-TAV du Val de Suse.

Dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, toujours menacé par un projet d’aéroport, un espace d’expérimentation foisonnant a fleuri. Depuis la résistance victorieuse à la vague d’expulsions de l’automne 2012, la zad est devenue un cri de ralliement, inspirateur de multiples autres foyers d’insoumission. Alors que le gouvernement annonce un retour en force des gendarmes mobiles sur le terrain et que les procédures d’expropriation reprennent, ce texte se fait l’écho d’une aventure politique et appelle, passionnément, à défendre la zad.

Il faut défendre la zad.
La défendre comme expérience et force d’une résistance collective dans un coin de bocage qui a rassemblé et inspiré des dizaines de milliers de personnes depuis des années. S’ils s’entêtaient à revenir, nous appelons à faire front par une défense bec et ongles de la zone, par un blocage de la région et par l’occupation des lieux de pouvoir, ainsi que par des banquets sur les places des villes et des villages. Nous appelons à multiplier les actions à même d’arracher sans plus attendre l’abandon du projet d’aéroport, et d’assurer la poursuite de l’expérimentation politique en effervescence dans ce bocage.

Mais il faut aussi défendre la zad comme possibilité historique, d’ores et déjà devenue contagieuse, qui peut s’actualiser en mille autres endroits, et de mille manières encore. Nous appelons à ce que l’esprit de la zad continue à se diffuser, empruntant chaque fois des voies singulières, mais avec le désir d’ouvrir partout des brèches. Des brèches face à la frénésie sécuritaire, face au désastre écologique, face à la fermeture des frontières, à la surveillance généralisée, à la marchandisation de tout ce qui existe.
La zad et tout ce qu’elle représente, à l’image des combats d’hier ou d’ailleurs, constitue ici et maintenant une précieuse lueur d’espoir dans cette époque désenchantée.

Il faut défendre la zad. À Notre-Dame-des-Landes. Partout.

le livre est disponible en ligne sur le site constellations.boum.org. vous y trouverez aussi une série d’entretiens réalisés à Notre-Dame-des-Landes et dans le Val susa.

vous pouvez commander le livre en librairie ou directement en contactant l’éditeur : contac@lyber-eclat.net